Souvent, j’imagine ma mort.
Non, je n’ai pas de penchants morbides.
Mais j’ai le vœu – que dis-je, la ferme intention ! – de me garder sur le bon chemin. Je prends alors quelques minutes, je fais abstraction de mon environnement immédiat. Il ne m’est pas nécessaire de fermer les yeux, ni de me concentrer. Pour une raison que j’ignore, les mises en scène me viennent naturellement, sans effort. Une fois, je me vois dans un grand lit, c’est une chambre bleue, et la fenêtre appelle à l’intérieur un printemps campagnard, je suis vieux, ridé et j’ai le sourire. Une autre fois, je pense à une retraite, en haut de montagnes arides ou au bout d’un désert orangé, un temple, un monastère, une caverne, et mon œil repu regarde au-delà des choses, ou peut-être est-ce vers l’intérieur. Parfois, j’imagine des accidents et je m’accorde juste un instant de rétrospective.
Le point commun de tous mes scénarios, quel est-il ? C’est de me permettre de replacer les éléments de ma vie dans une juste perspective. Dans une perspective juste. Car si une foule de souvenirs m’assaillent, à chaque représentation dans mon esprit de ce petit théâtre de ma fin, inéluctablement en ressortent les fondamentaux.
Je pense aux actes, choix et gestes que j’aurai faits pour être une bonne personne dans un chouette monde.
Je pense aux personnes que j’aime et je me réjouis de n’avoir jamais manqué une occasion de leur dire.
Et de les prendre dans mes bras.
Initialement publié le / Originally posted on 19 novembre 2015 @ 3:48 pm