Tiens ! Les 2D ! Depuis le temps, on commençait à vous croire morts et desséchés quelque part dans le sud bolivien…
D.1 : Bah s’en est fallu de peu, ceci dit.
D.2 : Ouaip. Pas passé loin.
D.1 : Pfou !
D.2 : …
D.1 : …
D.2 : … Mais non. On plaisante. Maman, cesse de faite cette tête, c’est pour de faux.
D.1 : Oui, on va très bien. Maintenant.
D.2 : Ouais. Ca va mieux.
Et les adieux avec l’Argentine… ?
D.1 : Difficile. Violent. Nous sommes au poste frontière, d’un côté la Bolivie, la foule, j’ai peur, comme toujours au début d’une nouvelle étape. Mais au moment de remplir les formalités administratives de sortie du territoire, racontant brièvement notre longue aventure argentine, une vague de profonde tristesse m’envahit, je le ressens comme un véritable déchirement… Bien plus que la peur, c’est le cœur lourd, je n’ai pas envie de partir, tout simplement. Argentine, toi qui nous as accueillis comme tes propres enfants, je ne peux contenir mes larmes en regardant ton drapeau blanc et céleste flottant dignement.
D.2 : Un peu lyrique mais rien à ajouter. Idem.
Changement de pays… changement de quoi ?
D.1 : Pour ma part, l’accueil bolivien ne fut pas des plus faciles : les routes nationales ici sont en réalité des pistes de terre, de qualité inégale (le gouvernement n’entretient aucune infrastructure, et si une route s’effondre c’est le premier qui veut passer qui trace le détour … dixit Javier, un camionneur), et après une journée de route difficile, j’ai cru trouver mon salut dans une salade fraîche…
D.2 : Erreur fatale ! donc pour résumer, changement de revêtement de route, changement de dénivelé, et changement de mesures d’hygiène. En d’autres termes, la salade fraîche tu oublies, n’est-ce pas D.1 qui a passé 4 jours enfermée à l’hôtel avec une diarrhée infectieuse carabinée. Merci pour D.2…
D.1 : Surtout quand il a fallu reprendre la route, pardon la piste, et que D.2 s’est retrouvé seul à pédaler.
D.2 : Changement de paysages aussi. Le sud bolivien outrepasse notre capacité descriptive. Faut voir les vidéos et encore elles rendent pas 100% de ce qu’on a vécu.
D.1 : Une autre planète. Je fais du vélo à 4500 mètres ! Notre record : 4875 mètres. En France on serait sur le Mont Blanc. Incroyable mais vrai.
D.2 : Incroyable, incroyable… on souffle comme des obèses, c’est du concret ça pourtant !
D.1 : Le corps souffre, le corps témoigne du manque d’oxygène – souffle court, insomnie, migraine, palpitations…
D.2 : Que du bonheur. Non Eliane, je n’ai pas forcé ta fille à venir…
D.1 : Et pour finir, changement dans les rapports humains. Les Boliviens sont plus froids, plus réticents au contact…
D.2 : … il ne faut pas perdre de vue que cette zone, le sud bolivien, est à la fois très très pauvre et très convoitée par les touristes – moralité, le regard de l’autochtone est perverti. On est catalogué « source de revenu » assez facilement, heureusement le tandem nous sauve de l’ordinaire. Faut pas généraliser non plus : entre les camionneurs super sympas et par exemple la famille Esquibel, avec qui on a passé une journée formidable autour de la Laguna Morejon, y’a des gens adorables ici, y’a qu’à voir l’accueil à Oruro et alentours ! Tout le monde nous siffle, ça plaît moyen à D.1 mais c’est de l’admiration et de la sympathie en vrai.
D.1 : J’ai les boules pasqu’ils sifflent le tandem et pas moi.
D.2 : Faut dire que vu la longueur de ton poil aux pattes…
D.1 : Salaud va ! T’as vu ta coupe de cheveux ? on croirait 2 gonzesses sur le tandem…
D.2 : …
D.1 : Bref. Le pays est très convoité par les investisseurs étrangers aussi ; en Bolivie toutes les richesses (gaz, minerais…) partent hors frontières (Chili, Mexique, USA…) et le peuple n’en voit pas la couleur.
D.2 : Et pour revenir aux locaux, dans les vallées les plus reculées, les paysans nous fuient ! on s’arrête près d’une maison isolée, et le temps de descendre de vélo, les formes humaines aperçues de loin ont disparues ! Et va leur courir après à 4500 mètres…
« Une machine. Je suis réduit à l’état de machine. Je pédale, sourd et aveugle aux décors. La pente n’est que douleur. 10%… 12%… chaque courbe dévoile une nouvelle ascension. A demi conscient, je suis tout entier absorbé par l’effort. A la limite de l’épuisement. Du malaise. Mon cœur bat violemment, mais dans ma tête. La migraine accompagne chaque révolution de mes jambes. 4300 mètres d’altitude… 4500 mètres. Les cols se succèdent. La piste caillouteuse et déformée n’en finit jamais de grimper. 4700 mètres. Voilà 4 jours que nous nous épuisons ainsi à toucher le ciel du doigt. Le massif du Lipez, au sud-ouest de la Bolivie, est une impressionnante galerie de volcans et de sommets glacés et vertigineux. Notre route semble les collectionner plutôt que d’épouser la courbe de moindre effort. Notre route, ou plutôt le chemin de terre défoncé et tortueux qui est notre fil d’Ariane. L’oxygène nous manque. Le vent souffle comme un dément ; « La Puerta del Diablo », voilà le nom du nouveau col que nous abordons. Les rafales se jouent de nous comme d’un fœtus de paille. Pourtant, chargés à bloc en nourriture et en eau pour cette traversée d’une semaine d’une zone désertique, nous ne manquons pas d’assise : 60 kilos de chargement à traîner par ces hauteurs, dont 11 litres de flotte. Mais nous roulons péniblement à 4 km/h, et le vent lui, hurle à 60, parfois 80. C’est déjà miraculeux qu’à si faible allure notre tandem et sa remorque ne chavirent pas. Si j’avais le loisir de lever les yeux, nul doute que je me régalerais du spectacle : à l’infini, des montagnes désertiques, des volcans jaunâtres, des formes invraisemblables et des couleurs tout aussi burlesques, du vert, du bleu, du rouge, sous un ciel royal et un soleil de plomb… Mais je ne lève pas les yeux. Je ne quitte pas du regard, à dire vrai, les 2 petits mètres devant mon guidon. Dans ma tête, j’enrage. Car je subis. Du froid, des gifles du vent qui tourbillonne, de la douleur dans les jambes, les épaules, je ne sais lequel domine… Je ne suis pas près d’oublier cette traversée du sud bolivien. »
– D.2
Quel bilan faites-vous de cette aventure sur l’Altiplano bolivien ?
D.2 : S’il fallait résumer en une expression ce serait « un superbe calvaire ». On a passé quelques 3 semaines à traverser le sud bolivien, de Tupiza par le massif du Lipez jusqu’au parc national et remontée par le salar de Tunupa (Uyuni), et j’ai cru y laisser ma santé mentale.
D.1 : « Cru » ???
D.2 : Des journées harassantes, à pousser le vélo sur des pentes à 12% gavée de cailloux, de sable, qui attaquent le dénivelé n’importe comment ; des heures et des heures de pédalage qui ne gagnent que quelques kilomètres – comme pour passer autour du mont Lipez ou traverser la vallée de la laguna Morejon, pendant des jours le même refrain : monter 500 mètres de dénivelé, passer le col dans un vent de dingue, redescendre, bivouaquer par -20° – des distances dérisoires à cause de la tôle ondulée, des cailloux, de la terre meuble, du sable… Des journées de 7 heures pour afficher 15 kilomètres au compteur, un vent continu, froid et violent, de face ou de côté… Oui c’est beau, oui c’est fascinant, mais ce furent les pires journées de vélo de ma vie.
D.1 : Oui, c’est dur. Même si je ne réagis pas du tout comme D.2 – c’est-à-dire que je ne me tape pas de crise de nerfs… – j’ai l’impression d’être dans un combat permanent : conserver le souffle, pédaler-pousser coûte que coûte, et essayer tant bien que mal de soulager mes fesses… Et oui, moi à l’arrière je n’ai aucune visibilité donc aucune anticipation possible. Mais attention, je ne maudis pas le tandem, j’ai l’honnêteté de reconnaître que je serais incapable de faire ce que nous avons fait sur un vélo solo.
D.2 : En effet, dans ces conditions extrêmes physiquement et nerveusement – et ne vous dites pas «j’imagine, les pauvres… » si vous ne l’avez pas fait vous ne vous imaginez pas ! – je deviens enragé. J’ai usé mes cordes vocales à traiter de tous les noms ces foutues pistes et ce foutu vent et ce foutu pays, j’ai hurlé à la mort, grogné, râlé, crié, pleuré pendant des heures et des heures sur mon guidon. L’Islande à côté c’était du sport mais c’est tout. « You wanted it, you have it ». Faut assumer. Dans le sud bolivien, chaque journée était plus dure qu’un raid complet, et ça a duré 3 semaines…
D.1 : On en retire une très grande fierté mais il est vrai que la tête dans le guidon, on n’arrive pas toujours à profiter de ce spectacle incroyable qu’est la cordillère des Andes, et de ce côté ci, c’est-à-dire du coté bolivien c’est largement plus difficile que la quebrada de Humahuaca argentine – et sa route goudronnée qui monte tranquille, 360 km pour 2000 mètres de dénivelé – mais de ce que nous avons vu, ce sont des paysages à couper le souffle 😉
D.2 : A couper le souffle… Ah-ah. Très drôle. Vive la France. Et quelle ironie que notre parcours : nous avions prévu de rallier Tupiza (près de la frontière argentine) au parc national du sud Lipez (la réserve Eduardo Avaroa) en 4×4 – Delphine étant alors malade – pour ensuite traverser le parc à vélo, ce qui promettait d’être une traversée très pénible. Le plan 4×4 tombant à l’eau, et notre impatience grandissant, on a pris la route, pardon la piste, sur le tandem… Or il s’avère que notre traversée de la cordillère de Lipez, pendant 2 semaines, pour arriver jusqu’au parc, est une épreuve bien supérieure à celle du parc elle-même (les cons…), qui prend 5 ou 6 jours à vélo … et pour finir ce parc on l’a traversé en 4×4 – exactement à l’inverse de nos plans – grâce à la générosité de 2 français, Anne-Lise et Florent, qui nous ont embarqués avec eux sur leur tour après nous avoir recueillis en pleine tempête de vent et de sable. Cocasse non ? Et file://localhost/../Plan%25C3%25A8te%252520D.photos/004-Bolivie/04-ParqueNacional/index.html. J’ai revu avec plaisir les bijoux que recèle la réserve : laguna colorada, laguna verde, geysers, volcans enneigés, canyons aiguisés…
D.1 : Oui, indescriptible, en particulier la laguna colorada et ses flamands roses, qui finalement se détachent assez peu de la couleur de l’eau qui s’approchait d’un rouge tuile quand nous sommes arrivés (une algue photosensible contenant de la carotène donne cette couleur incroyable à la laguna)
D.2 : Pour l’anecdote, la laguna colorada porte ce nom parce qu’en fonction de l’heure, et donc de la lumière, et de la température, en plus de l’activité de l’algue que mentionne D.1, elle change de couleur, passant du violet le matin au rouge en journée puis au bleu-violet le soir. Pour un daltonien comme moi c’est du délire…
D.1 : Enfin, jetez plutôt un coup d’œil aux photos et vidéos… et en plus vous aurez moins froid que nous (encore un petit -15° -20° à l’aube aux geysers de Sol de Mañana)… Une ballade de quelques centaines de km, avec ce sentiment partagé de soulagement (les pistes ne paraissaient pas franchement meilleures que celles que nous venions de parcourir), de gêne (nous nous retrouvions baignés dans le flot des 4X4 de touristes) et de plaisir d’avoir partagé 2 jours avec nos sauveurs marseillais, avec qui on s’entend très bien. Mais après plus de 10 heures de 4×4, je ne sais pas pourquoi j’avais envie de reprendre la route en tandem….
D.2 : Pour les motivés qui viendraient dans le coin à vélo, on a dressé une cartographie approximative des 2 semaines dans la cordillère de Lipez, et pour la partie Parc National il y a un site très bien fait : www.irisentoreopreis.nl
Bon. Question piège… Quel est le rapport entre le pays où vous êtes et le Che ?
D.2 : D’après ce qu’on nous a expliqué, Che Guevara, lassé de son rôle « administratif » à Cuba, a voulu propager sa pensée révolutionnaire à d’autres pays sud-américains ; la ballade s’est achevée dans les montagnes du sud de la Bolivie, après quelques temps de guérilla. Il a été abattu ici.
D.1 : Aucun monument à notre connaissance. Mais on voit sa tête sur plein de camions et de bus. Il y a Jésus, et il y a le Che. Ils se tirent la bourre…
D.2 : D’ailleurs pour l’anecdote, le surnom « Che » donné à Ernesto Guevara… eh bien en fait ici « che ! » est l’équivalent de notre « hey ! », genre « hey l’ami ». Guevara avait un tel contact populaire, et s’adressait aux individus avec tant de familiarité – « che ! viste los americanos ? » – que cette expression typiquement sud-américaine est devenu son surnom. Ernesto « Che » Guevara pour dire Ernesto « du peuple » Guevara. Che ! si c’est pas intéressant ça !
Et pour le moment, on vous situe où ?
D.1 : On est à la Casa de los niños « Amigo Negro Jose”, à Challacollo – Oruro. Epuisés et contents.
D.2 : On s’est envoyé 95 bornes aujourd’hui pour arriver à la casa Du jamais vu pour nous en Bolivie après les journées à 12 kilomètres dans la Cordillère de Lipez.
D.1 : Sur une route bien lisse et bien asphaltée ! Payante, pour l’anecdote. Il y a 1500 km de goudron environ dans le pays, et c’est payant ! L’état se contrefout des pistes défoncées mais il est là pour empocher l’argent ou vendre les rares routes goudronnées…
D.2 : Pour mémoire, la casa est une ONG montée il y a 11 ans par nos camarades belges Claudine et Jean-Claude Heyden (http://www.asbl-anj.org/ ) afin d’accueillir les enfants de la rue.
D.1 : C’est notre 1er chantier. On redoute toujours la rencontre avec les enfants. Et finalement ça se passe tout naturellement… on est là depuis quelques heures mais on s’est fait plein de petits copains déjà !
D.2 : On apprend petit à petit les prénoms de tous, c’est pas facile-facile – ils sont 25 internes et en tout 75.
Quel est le programme pour la suite ?
D.2 : On est là pour un mois, jusqu’à l’arrivée de Claudine et Jean-Claude qu’on sera ravi de revoir.
D.1 : Notre contribution reste à mettre en place avec Silvia, la sœur qui chapote sur place la casa, et les intervenants locaux, mais les idées sont là.
D.2 : On va bien sûr faire de l’informatique, autant que ça nous serve un jour… la casa est tout juste équipée d’ordinateurs et on va certainement se faire « profs de bureautique et d’internet ».
D.1 : Ensuite il y a notre projet d’échange vidéo avec la MJC de notre quartier et bien sûr l’envie de vous envoyer (et à TéléGrenoble) quelques belles pastilles sur cette merveilleuse entreprise humanitaire, pour – qui sait – vous donner envie de contribuer de la manière qui vous conviendra.
D.2 : A suivre donc pour la vidéo. Et pour le reste Claudine nous a fait un topo complet de tout ce qu’on peut faire ici et la liste est longue – on va pas chômer !
D.1 : Et accessoirement on a un tandem à remettre sur pieds ; enfin sur roues…
D.2 : Oui, la Bolivie a eu raison de notre matos… les pneus sont déchirés jusqu’à la corde, la chaîne traîne par terre, et l’ensemble est recouvert d’une fine et tenace couche de poussière séchée mêlée à du sel.
D.1 : A se demander où on est allé traîner !
D.2 : Donc c’est bien parti pour quelques week-ends bricolages.
D.1 : On vous racontera tout ça à la prochaine D.News, à la fin de notre séjour à la casa.
D.2 : D’ici là portez-vous bien, et merci de votre attention.
« Isla Pescado, salar de Tunupa, Bolivie.
Journée de repos sur le salar, et une rencontre fortuite avec un couple d’Allemands, tour-du-mondistes depuis 3 ans, vidéastes professionnels, dans leur 10 tonnes tous-terrains, est le prétexte à une pause bienvenue ; farniente et échanges d’expériences, de vidéos.
La tente est montée sur une mince langue de plage que surplombent l’île et ses cactus géants aux couleurs chaleureuses. Le soleil implacable de midi a depuis long transformé la mer de sel, toute dallée de bleu le matin, en un gigantesque et étincelant miroir blanc, qui réfléchit la chaleur solaire et nous aveugle. Si ce n’était pour le vent qui souffle par intermittence sur cet Altiplano, et dont la froideur nous remémore ses 3670 mètres d’altitude, nous pourrions abandonner nos corps à une torpeur presque méditerranéenne. Le volcan Tunupa, impassible, surveille la scène, encouragé dans son immobilisme solennel par la Cordillère des Andes, et ses sommets enneigés à plus de 6000 mètres qui flottent négligemment – effet d’optique dû à la réfraction lumineuse oblige – à l’horizon. Une carte postale digne de Dali que je savoure et que mes mots peinent à restituer. Il n’y a que vivre ces instants qui a un sens, ces instants irréels et pourtant terriblement concrets, qui peut-être justifient le voyage. Peut-être.
Cet après-midi, sans doute, j’userai doigts et semelles sur les roches volcaniques, le témoignage d’un passé pas si impassible que cela, du volcan Tunupa, de l’île, crapahutant parmi les cactus de 3 fois ma taille, évitant leurs douloureuses épines, épiant les oiseaux et les rongeurs, qui ont dû un jour franchir cet océan salin pour venir s’implanter ici…Sand doute, oui, et je savourerai ma chance, de vivre, ici, là-bas, ailleurs, de vivre tout le temps tant de choses, cette existence nomade que j’ai faite mienne, et je garderai sur mon visage le sourire du môme que j’étais et que je reste manifestement, ce môme à la mémoire sélective qui ne garde des aventures que le meilleur. »
D.2
D.Chiffres
Dénivelé positif cumulé : Tupiza à San Pablo de Lipez = 3500 mètres environ pour 144 kilomètres et 5 jours
San Pablo de Lipez à Quetena = 2100 mètres de dénivelé pour 130 kilomètres et 6 jours
= 5600 mètres en tout pour la cordillère de Lipez
Distance sur pistes de terre : 473 kilomètres jusqu’à Colchani
Distance sur piste de sel : 115 kilomètres sur le salar en 2,5 jours
Distance impossible à pédaler – poussage nécessaire : environ 20-25 kilomètres sur 2 semaines.
Altitudes : cols passés à 4875, 4760, et 4840 mètres d’altitude entres autres ; bivouacs à 4600, 4445, et 4560 mètres d’altitude.
Températures… entre -20° et -22° la nuit au plus bas, avec -6° à -8° environ dans la tente au réveil.
Vent : 60 km/h à 80 en rafales – de face, de ¾, dans tous les cas on ne tient pas debout sans s’accrocher au tandem ou l’un à l’autre !
Nombre de couvertures dans les auberges en altitude : 3 ou 4…
Nombre de coutures sur nos pneus : 5 – mais ils sont morts pour de bon maintenant…
3 jours de turista pour D.1
Rapport 4×4 / tandem dans le sud Lipez : 1 journée de 4×4 pour 1 semaine de tandem…
Capacité maximale de chargement en eau du tandem après divers bricolages : 11 litres = 11 kilos…
Morceaux choisis :
« C’est interdit de se baigner dans cette rivière…
– ah ? pardonne-nous, on le savait pas, une rivière en pleine montagne comme ça.
– non-non c’est interdit, pour la contamination de l’eau, vous comprenez on fait attention.
– ah oui c’est bien, désolé, on arrête de suite.
– c’est 1$.
– comment ça c’est un dollar ?
– c’est 1$ et vous pouvez continuer à vous baigner tranquillement tout l’après-midi si vous voulez
– !!! mais tu nous dis que c’est interdit pour la pollution ?
– oui mais si vous me donnez 1$ vous pouvez.
– et ça pollue plus ?
– …
– toutes manières se tremper dans une rivière ça pollue pas, en revanche y balancer des ordures, comme tous ces déchets là autour de nous c’est une véritable contamination !
– non je te parle pas des déchets, je te parle de la salissure du corps, ça contamine.
– je suis pas vraiment d’accord ; pour se préoccuper de la qualité de l’eau faudrait peut-être commencer par ne pas y balancer vos ordures non ?
– la salissure du corps je te dis, mais contribue, 1$ au moins, et tu peux te baigner
– ok j’ai pigé allez tchao filou ».
– un filou près de la frontière bolivienne…
« Et dis donc, tu parles bien espagnol !
– Oui, pour nous c‘est important de connaître la langue du pays pour le découvrir, de pouvoir rencontrer les gens et discuter…
– Et tu parles quechua ?
– … »
– un campesino près de Villazón
« Toi Damien, je vais t’appeler ‘fosforo’ [allumette, pour la maigreur, la coupe de cheveux ou le tempérament on ne sait pas – les 3 ?] ! »
– Claudia, à l’hôtel Valle Hermoso (Tupiza)
« Bon. De tour du monde, on en fera pas un 2ème… »
– D.2, au réveil par -6° à 4400 mètres d’altitude
« Et vous avez fait des parties en moto ?
– Comment ça en moto ? c’est un tandem…
– Oui mais vous avez fait des parties en moto ? [l’incrédule qui ne veut pas croire qu’on pédale]
– Bah non.
– Ah. [pas très convaincu, cherchant le moteur] »
– un incrédule parmi la foule autour du vélo à Tupiza
« J’aurais voulu qu’on soit colonisé par les anglais : regarde aujourd’hui la Nouvelle-Zélande et l’Australie ! Nous à côté on est misérables… »
– Raúl, argentin désabusé
« La Bolivie a été colonisée par les Espagnols qui n’ont fait que la piller. Peut-être si cela avait été les Français ou les Anglais serions-nous aujourd’hui un pays fort et prospère ? »
– Javier, camionneur bolivien dont la vision rejoint celle de Raúl
« Y a-t-il des immigrés en France ?
– Oui, principalement d’Afrique
– Des noirs comme dans l’équipe nationale de football ?
– Oui, la France est une terre d’accueil.
– Pourtant, je n’ai jamais vu de français noirs ici… »
Eloi, notre chauffeur/sauveur dans le parc national
« Il y a une poubelle dans le village ?
– laisse donc ça par terre, le vent le dispersera dans le salar… »
– un bolivien écolo à Colchani…
« Rita et moi sommes épatés par votre travail de vidéastes amateurs. Ca fait 35 ans que je suis dans le métier, et je trouve que vos clips sont formidables ! Si vous cherchez du boulot dans la réalisation de films au retour, vous trouverez sans aucun problème. » [qu’on se le dise…]
– Freddy Reck, réalisateur (allemand) de films d’aventures et de documentaires
www.reckfilm.de / ontour@reckfilm.de
« Ayé j’ai déposé mon cairn ça va mieux ! » [comprenne qui peut]
– source non divulguée
« T’as le numéro de Nicolas Hulot ?
– Euh… bah non
– Parce qu’il est venu dans notre auberge et j’aimerais lui passer le bonjour.
– Euh là ça va être dur !
– Et Jean-Louis Aubert ?
– … »
– Carlos, hospedaje Doña Lupe à Jirira, où descendent les stars
« Moi j’ai pas de duvet. Il fait froid dans le Lipez ? »
– Cédric, cycliste easy-going
« Kamera laüft ! »
– Freddy Reck, réalisateur (allemand) de films d’aventures et de documentaires
www.reckfilm.de / ontour@reckfilm.de
Initialement publié le / Originally posted on 9 septembre 2006 @ 11:49 am