Je croyais pourtant avoir bien compris : le festival d’aventure de la Réunion nous invitait à y présenter notre film “Le Grand Détour”, épisode 3 (j’aime bien le coup des épisodes, ça fait Star Wars). La Réunion, c’est un département français, non ? Je me suis fait répéter l’info plusieurs fois tout de même parce que ma seule expérience de la réunion c’était du temps de mon informaticienâge et ça se résumait à lutter contre le sommeil (avec le temps j’ai appris à dormir les yeux ouverts). “Tes paupières sont louuuurdes”, me susurrait mon fort boyard intérieur, “tu es un sanglier”, me susurrait mon phacochère de chef.
Mais dès la sortie de l’aéroport, j’ai vu que quelque chose clochait.
“Comon y lé?”
On avait dû – ne me demandez pas comment – se tromper de vol ; voir passer dans une autre dimension ou faire un bon dans le temps. Je regardais, interdit, l’hôtesse AVIS qui me tendait des clés de voiture. Je voulais mettre ça sur le compte des 10 heures d’avion de nuit sans dormir – je pense que dans ma stupéfaction et mon épuisement je laissai un mince filet de bave du plus bel effet couler de ma bouche ouverte jusqu’à former un pont d’amylase pâteuse entre ma lèvre et mon poitrail affaissé – mais son collègue intervint et mon expression se figea dans l’angoisse.
“Allô ? Na’dmoune ? N’a point personne ?”
L’homme échangea un regard avec l’hôtesse, puis rigola de bon coeur.
“I voit d’chozes su c’terre d’Bon Dieu voui vous zot !
Ziska deux z’yeux su la bec d’un canard !”
Je décidais de sauver l’honneur et de consacrer, pour les 10 jours qui devaient suivre, mon énergie à faire comme si de rien n’était. Je me tournais vers Delphine, gracieusement, un sourire plastiqué sur mon faciès rubicond, des perles de sueur – il ne fait “que” 35° à l’automne en Réunion – captant délicatement les rayons dardés par un soleil ardent sur mes paupières boursouflées par le manque de sommeil (Dieu comme je devais être laid dans cet instant ultime, un mélange entre une sculpture de César, un hamburger et un occupant à demeure du musée Grévin, le tout baigné de saindoux) et là, au comble de l’horreur, je réalisais que Delphine comprenait tout ce qui se disait !
Vous allez me dire, Delphine part avec un avantage certain : elle n’est pas vraiment française, mais savoyarde, elle a toujours été baignée dans des univers linguistiques étrangers pour ne pas dire étranges, ce qui a dû, nécessairement, favoriser en elle l’émergence d’un don sans équivoque pour l’adaptation linguale – elle l’a prouvé en Thaïlande, par exemple (et il n’y a rien de sexuel là dedans).
Elle échangea quelques courtoisies avec le personnel AVIS et se dirigea vers la voiture de location.
Je me promis de ne pas moufter du séjour, dussé-je passer pour un autiste.
Sur le parking, nous croisâmes un groupe de jeunes gens au beau teint torréfié qui plaisait tant au grand Serge ; leurs regards s’attardèrent avec douceur sur ma moitié, puis m’interpellèrent avec connivence.
“Ti fi la y rale a moins !”
Je me détendis. Parcouru du regard le panorama – mer tropicale et montagnes couvertes de jungle – et décidai qu’on s’en fout bien de comprendre ou pas ce qui compte c’est l’amour…
http://www.clicanoo.re/index.php?page=article&id_article=244880&recherche=
(et dans l’immédiat, ajoutai-je mentalement, un lit où m’écrouler de fatigue, mais c’était sans compter sur les délicates attentions de la présidente du festival : 1h de voiture jusqu’à l’hôtel, 2h de conférence de presse, puis de nouveau 1h de voiture pour rejoindre le plateau du JT de la télé locale, la vie de star, vive le fond de teint je vous dis que ça)
Bref. Comme on dit là-bas, mon zamal y monte.
Planète.D revient donc de 10 jours au festival du film d’aventure de l’île de la Réunion, le festival Au Bout Du Rêve emmené tambours battants par une formidable Christine “je gère” Tézier et c’était du bonheur en boîte : projections magnifiques dans de grands théâtres, public enthousiaste et familier, vols en parapente, trek dans les montagnes, sorties en mer, plongée, des copains réalisateurs super sympas et une équipe d’organisation fabuleuse, trop dur la vie d’aventuriers.
Tout ça nous a fait zapper (je parle pas que créole je parle jeune aussi) la sortie de l’épisode 2 du Grand Détour dont vous pouvez trouver la bande-annonce sur notre site et/ou là :
http://www.youtube.com/watch?v=7PX06IVCbq0
Planète.D fait apparemment une apparition également sur la Chaîne du Coeur : une webtv consacrée aux initiatives solidaires et humanitaires dans le monde.
Maintenant faut qu’on vous parle du dernier joujou de Lirio. Je dis “de Lirio” sachant que pour l’heure je m’amuse autant qu’elle.
La marque Nordic Cab nous a offert une remorque pour partir en Islande avec Lirio. Vous savez, pour ceux qui nous suivent depuis un moment, qu’on hésite pas à sabrer quand le matériel qu’on utilise n’est pas satisfaisant. Et bin là on est ravi. Cette remorque “C 2 la bal” (qu’est-ce que je te disais, même le language sms n’a pas de secret pour moi tiens)
Vous pouvez découvrir l’engin magique là : http://www.nordiccab.fr/ et si vous observez bien il y a un bébé volant sur cette page (d’autres photos sur notre site).
La remorque tout-en-un que nous avons fait donc aussi poussette, pulka (sur ski pour les randonneurs hivernaux) et pousette tous terrains.
Tant que j’y suis à faire la pub des partenaires que j’aime bien, l’inénarrable RiEN a sorti voilà peu un nouvel EP 4 titres prénommé “3” que vous pouvez trouver sur leur site en téléchargement libre et si comme nous vous êtes fans c’est sympa de jouer le jeu, et de faire un don : http://www.amicale-underground.org/nouvelles.htm
Rubrique “Surprise-surprise” : il y a un D dans l’Etiquette Incertaine.
“Comment ça”, tu vas me dire, “y’a tout un tas de lettres mais pas de D dans ton truc !”
Et pourtant, preuve par l’image : http://vimeo.com/groups/9959/videos/7599141
Bon j’ai toujours pas vu le film, alors si quelqu’un l’a je suis preneur.
Nous ne reviendrons pas sur le chouette article que vous avez découvert dans Grenews, par contre si les élucubrations ésotériques de grands maigrichons aventuriers qui passent leur temps le cul sur une selle (comment ça je le vends pas bien ?) – ahem, si la profondeur du regard sur le monde des grands philosophes modernes que sont les cyclistes contemporains vous interpelle, ne manquez pas la sortie récente du livre de notre copain Julien Leblay, “Le Tao du vélo”, http://www.voyage-grand-coeur.org/boutique (Julien parcourt le monde à vélo depuis plus de 5 ans pour promouvoir le don du sang).
L’épisode 1 du “Grand Détour” sera projeté au festival ABM Globetrotter qui aura lieu à Paris les 24-25-26 septembre prochain. On va bien se marrer, car comme dit Delphine, “j’apparaîs plus au bêtisier que dans le film à proprement parler” et comme vous le savez, vous qui la fréquentez, elle s’y connaît en “proprement parler” (rapport à sa savoyardise chronique). On sera aussi au festival de l’Image de Saint Valéry en Caux le 1er week end d’octobre et d’autres (c’est tout sur le site) mais je vous en parlerai en septembre quand j’aurai de nouveau toute ma tête – là je vis une fin de saison difficile : avec le décalage horaire depuis notre retour de la Réunion et les 2 verres de cidre doux que viennent de me servir mes parents, je suis complètement bourré, et comme je ne fais rien comme tout le monde l’alcool ne me rend pas plus drôle.
Après la diffusion de notre film “Mordre la poussière” au festival du film de montagne de Ljubjana en Slovénie, et notre séjour Réunionnais comme invités du festival du film d’aventure (donc un mois de mai plutôt pépère finalement), nous partons demain pour 3 mois de route en Islande ; autant dire qu’on sera pas connecté avant un moment, donc dites à ma maman que c’est pas la peine de surveiller Internet 24h sur 24. De mauvaises langues diront qu’après avoir quitté la France pour un tour du monde à vélo le jour de son anniversaire, je pars en Islande avec femme et fille le lendemain de sa fête, et que je suis vraiment d’une cruauté sans égale. Je ne parlerai qu’en présence d’un avocat (ils font des promos à Librefruit, donc c’est jouable mais faut faire fissa on prend la route demain).
Pour patienter jusqu’à septembre et notre retour triomphal (ça rime avec aurores boréales) des lointaines contrées nordiques qui n’en ont polaires, vous pouvez vous rabattre sur le projet de mon copain Pascal Gaudin : www.integralpes.fr – une traversée intégrale des Alpes en vtt. Quant à nous on vous concote un film (et un livre ?) pour 2011. Qu’on se le dise.
Pour se désinscrire cette fois ci, je n’ai qu’une chose à vous dire : “Moin lé pas là èk ça”
Mais vous pouvez me faire un email quand même, surtout si vous trouvez la traduction.
D.
Initialement publié le / Originally posted on 28 mai 2010 @ 12:46 pm