Non, je n’aime pas tant que ça déballer ma vie privée sur Facebook. Comme vous ça me gêne aux entournures. Mais je n’aime guère faire des cachotteries non plus et des questions arrivent par messages privés. J’apprécie de converser avec vous mais c’est usant (pardonnez-moi) de répéter la même rengaine. Alors je factorise, et tant pis si on me taxe de goujaterie ou d’attentat à la pudeur. Je dois aussi, me dit-on en ce moment pas mal, accepter d’être, modestement, un peu un personnage public et donc de devoir m’adresser à vous en tant qu’audience et non pas individu, parfois. Je n’aime pas du tout ce côté “annonce publique” mais si ça me simplifie la vie, je reconnais que j’y souscris (en même temps, si j’annonçais notre mariage, ça ne choquerait personne que ça soit publique pas vrai ?).
Delphine et moi nous nous sommes séparés.
J’ai vécu 11 années formidables à ses côtés, mais son explosion en plein vol voilà 9 mois a révélé à quel point pour elle cela a été très dur de tenir le rythme que nous avons toujours eu – voyages, films, vie de famille, vie professionnelle. Delphine est quelqu’un de très délicat et de très fort tout à la fois, qui a besoin d’aide tout en s’en défendant vivement, qui prend sur elle et encaisse longtemps sans ciller – par amour, par romantisme, par idéalisme ; un petit diamant aux arrêtes vives qui attend qu’on le polisse doucement tout en coupant un peu quand on le fait. J’avais une totale confiance en nous, je nous ai surestimés. Aveuglé par cette confiance absolu que j’avais en notre entente, je n’ai pas capté les signaux non-verbaux de ces dernières années. Aveuglée par son envie d’une union sans tâche, Delfe n’a pas exprimé ni verbalisé ses besoins. Les malentendus se sont accumulés et nous réalisons aujourd’hui que nous menons deux vies fort différentes, comme parallèles, chacun de notre côté. Je patientais en attendant la sortie du tunnel, croyant avoir compris des attitudes et propos de Delfe qu’il fallait la laisser en paix pour un temps afin de se retrouver. Et pour Delfe le déséquilibre était devenu invivable et elle rejette désormais toute cette vie (i.e. moi) en bloc. Ça se comprend. Je suis tellement actif et engagé sur tant de fronts, je suis entier, volcanique. Je me trouve difficile à supporter moi-même… Parfois.
L’effondrement psychologique que Delfe a vécu voilà 9 mois et depuis lui rend impensables/inconcevables mes multiples propositions et mains tendues, ce que j’accepte désormais. Elle désire (et doit) se reconstruire seule. De mon côté, j’ai lutté pour que mon amour ne succombe pas à toute cette expérience. Mais c’est allé trop loin. Et j’ai envie d’une autre vie.
Donc nos chemins se séparent, pour le meilleur (“et on laisse le pire aux droitiers” – A. Jardin, “l’île des gauchers”). J’ai bcp travaillé sur moi, et continue derechef, pour précisément définir mon rôle, ma responsabilité dans tout ça (et les accepter/assumer), et où ils s’arrêtent et où commencent les antécédents de Delfe. Je parle avec mes filles tous les jours de ce qui advient. Tous les jours, dès qu’elles en manifestent le besoin où que je sens qu’il faut gérer des émotions. Je les encadre, les accompagne sans cesse dans cette transition (j’en aurai fait des transitions…). Avec Delfe, nous travaillons à redevenir les bons amis que nous étions avant de tomber amoureux, pour continuer de fournir à nos filles merveilleuses un couple parental uni, fort et aimant. Nous avons pleine confiance en nous pour ce faire, et ça marche. Le reste n’est qu’aménagement.
C’est triste. Super triste. Mais inéluctable, je crois. Et raisonnable : je sais bien quelle vie je veux, Delfe le définit chaque jour mieux également de son côté, et les zones de recoupement sont ténues, à l’exception de nos filles.
Alors j’accepte ce retournement de situation, et je m’investis pour l’accueillir et en faire du positif. J’ai fais le pacte avec moi-même que je serai heureux, quoiqu’il advienne. Cela n’est pas négociable.
Ma nouvelle vie a commencé.
PS : ajout 2 ans plus tard… petit bilan en images
Initialement publié le / Originally posted on 30 juin 2016 @ 12:13 pm