Ils sont où les 2 D ?
D.2 : A Illapel, une petite ville à 300 km au nord de Santiago du Chili.
D.1 : Au milieu des cactus, sur les contreforts ouest de la cordillère des Andes. Faut croire qu’on a du mal à la quitter…
Ah… le Chili…
(silence)
D.2 : …
D.1 : … ?
D.2 : (tu crois qu’il a buggé ?)
D.1 : (j’sais pas, il dit plus rien…)
Ahem… Pardon. Le Chili. Quelles sont vos impressions ?
D.1 : Et bien, on a tout de suite vu la différence de niveau de vie avec le Pérou et la Bolivie. On a l’impression d’être revenu en Argentine de ce point de vue là.
D.2 : On boucle notre boucle sud-américaine en quelque sorte, car du point de vue de l’hospitalité aussi ça nous rappelle l’Argentine. Les gens sont très serviables, très sympathiques et généreux. Ils sourient tout le temps en plus, un vrai bonheur !
D.1 : Un exemple parmi d’autres, Tila, avec qui nous travaillons pour l’association « Save the Wild Chinchillas » et qui malgré son niveau de vie très modeste, ne manque pas une occasion de nous inviter à manger ou de nous offrir le thé, que l’on partage avec elle, son mari et ses 6 enfants.
D.2 : Les Chiliens sont adorables et très chaleureux. Mais – oh ! ironie – on ne peut pas éviter de louer les petits Français également (cocorico). A Santiago nous sommes tombés via notre Hospitality Club, décidément un bon filon, sur un Grenoblois, Jean-Christophe, qui nous a hébergé plusieurs jours. C’est du concentré d’humour, il n’hésite pas à nous critiquer ou nous contredire et nous on apprécie ça, et en plus il est super cultivé, on en a appris sur le Chili grâce à lui !
Le Chili. Encore une histoire singulière, pas vrai ?
D.1 : Oui, une histoire poignante. Dire qu’en 89 seulement, l’année de la chute du mur de Berlin, celui qui avait été un dictateur sanguinaire, Pinochet, était renversé à la suite d’un référendum qu’il avait lui-même décidé…
D.2 : Depuis 73, à la suite de son coup d’état brutal (et apparemment largement subventionné par les Etats-Unis qui avaient en premier lieu arrosé de dollars des manifestants routiers qui bloquaient le pays et ensuite via la CIA appuyé le renversement du gouvernement d’Allende, le précédent président), Pinochet dirigeait le pays d’une main de fer, la main de la dictature militaire.
D.1 : Son « gouvernement » avait institutionnalisé la torture, avait stoppé tout développement culturel, organisé strictement la pensée, interdit les mouvements sociaux, réduit les libertés individuelles…
D.2 : Ce qui est fou, c’est qu’aujourd’hui une partie de la génération qui a vu l’avènement de Pinochet lui rend gloire pour l’essor économique du pays !
D.1 : De fait, sous Allende, à la fin c’était le chaos, à cause de l’influence des Américains qui, paniqués à l’idée d’un 2ème Cuba (les idées d’Allende étaient bien à gauche et ses relations avec Cuba très/trop amicales), entretenaient la situation – embargo, ruptures des relations politiques, menaces et manoeuvres…
D.2 : Ils n’avaient pas apprécié la volonté affichée par Allende de re-nationaliser des ressources chiliennes exploitées par des firmes américaines.
D.1 : Moralité, voilà Pinochet au pouvoir, Allende mort – suicide apparent mais bon… – et avec lui des milliers de gauchistes torturés ou exécutés par l’armée. Ca a duré comme ça 16 années. Et puis Pinochet, désireux d’étendre de nouveau sa présidence (jusqu’en 97), à effectué un référendum, à l’issue duquel il s’est fait rejeté… de peu !
D.2 : Le retour officiel à la démocratie a été quasi immédiat, mais les mœurs sont restées bouleversées de manière durable.
D.1 : Aujourd’hui, avec la nouvelle génération, on a l’impression que le Chili achève sa mue. La libre circulation des idées reprend. La jeunesse actuelle sera certainement le renouveau définitif. En plus ils sont cools ! on a expérimenté la vie associative universitaire à Santiago, fête, concert, festival de courts métrages… sympa !
Et pour rencontrer des gens, l’effet tandem fonctionne toujours aussi bien ?
D.1 : Malheureusement Buzzz a trop peu été enfourché pendant ces 3 semaines ici. On s’en sert seulement pour descendre en ville, faire un peu de TTT (à vide !) et crâner devant les locaux…
D.2 : Pour faire nos emplettes. Acheter à manger quoi… 😉
Et vous avez fait quoi alors sinon ces derniers temps ?
D.2 : A part l’interview avec Direct8 ?
D.1 : Nous sommes auprès de « Save the Wild Chinchillas ». C’est un organisme de protection de la nature qui œuvre à la restauration de l’habitat naturel du chinchilla chilien et cherche à éviter sa dégradation dans le futur en formant/éduquant les locaux.
D.2 : On habite chez Amy Deane, la fondatrice de l’ONG, dans sa chouette cabane sur les collines. Et notre tâche est de préparer une nouvelle saison pour la pépinière dans laquelle Amy cultive des espèces végétales pour reconstituer l’habitat du chinchilla – en résumé, on ramasse des graines, on les sèche, on les plante…
D.1 : On a 9 colocataires, Simon, Louie, Spaz, Little Rod, Jerry Deane, Hobbes, Spimmen, Chila et Chitcha. Ils sont ronds, doux, curieux et attachants. Des chinchillas domestiqués en somme. C’est rigolo comme petite bête – et un peu caractériel.
D.2 : Ca me rappelle Tidou, le cochon d’Inde de Fab… il y a longtemps. Les chinchillas communiquent entre eux par cris, sifflements, chuintements, ils ont leurs humeurs, leurs préférences, leurs personnalités, en somme : Louie et Simon aiment les pommes et pas leur voisin Spaz, Jerry Deane aime se faire gratouiller le menton mais pas trop longtemps sinon il proteste, Hobbes (un futé qui sait ouvrir les verrous de sa cage…) est farouche mais trop curieux alors il finit par s’approcher pour nous renifler mais si on l’attrape pour l’enfermer de nouveau il nous fait la tête et peste en montrant les dents dès qu’on s’approche, Little Rod est extrêmement peureuse mais très maladroite et en cherchant à fuir elle se retrouve bien souvent dans nos mains… Quant à Spimment, Chila et Chitcha, ce sont des femelles assez endormies, affectueuses quand elle le veulent bien, et gourmandes.
D.1 : A part leur donner à manger et à boire, on bosse pas pour eux réellement, mais pour leurs cousins sauvages qui vivent dans les montagnes.
Attend, concrètement, ça ressemble à quoi un chinchilla ?
D.2 : C’est un petit rongeur à mi-chemin entre le lapin et le chat – disons une version rondelette du hamster, avec des grandes oreilles et de grandes dents comme un lapin.
D.1 : Rondelette par le volume impressionnant de sa fourrure, mais pas grassouillette pour autant. Et athlétique avec ça ! ça bondit, ça se faufile partout, ça court super vite…
D.2 : A l’état sauvage il vit la nuit et niche dans des petites grottes qu’il creuse dans la terre – et il est capable de sauts de 3 mètres ! C’est malheureusement un spectacle devenu rare…
D.1 : Les chinchillas sauvages constituent une espèce en danger car ils ont été chassés et piégés pour leur fourrure, un vrai carnage. Aujourd’hui c’est un labeur pénible que de reconstituer leur environnement naturel qui a été réduit à peau de chagrin par l’agriculture et les pâtures à tout va. Amy Deane, la fondatrice de l’ONG« Save the Wild Chinchillas », effectue un travail de fourmi incroyable – plusieurs milliers d’arbres replantés, entre autres.
Et elle fait tout cela toute seule ?
D.1 : Principalement, oui, même si elle a bien quelques coups de mains ponctuellement.
D.2 : Cette femme partage sa vie entre les Etats-Unis où elle travaille pour gagner de l’argent et Illapel où elle s’occupe des chinchillas. Passionnée, courageuse… et fauchée.
Là, je rebondis ! Comment subsistent ces associations caritatives ? Parce que c’est pas gratuit tout ça, sauver les enfants, les chinchillas, les condors, le monde…
D.2 : Il y a pas de secret, les ONG et autres associations humanitaires ou écovolontaires vivent exclusivement des dons. Les vôtres. Point. Le volontariat comme nous le pratiquons est une aide fondamentale, certes, on ne peut que vous encourager à nous imiter, et en plus c’est une expérience formidable pour soi-même en sus d’un soutien à un organisme, mais l’argent de la générosité reste le moteur.
D.1 : On a réfléchi à une manière de susciter des dons, du coup. Et non pas susciter des coups, dis donc…
D.2 : Comme l’été est revenu pour nous et qu’on a de nouveau de longues et belles journées ensoleillées, on a repris nos entraînements de course à pieds.
D.1 : Tu vas dire que tu vois pas le rapport…
Je vois pas le rapport…
D.2 : Il dit qu’il voit pas le rapport.
D.1 : Je sais bien je l’avais dit.
D.2 : Qu’il verrait pas le rapport ?
D.1 : Qu’il dirait qu’il voit pas le rapport.
D.2 : Tu m’embrouilles. Je préférais quand on parlait du Chili.
D.1 : Je vois pas le rapport.
D.2 : Ah non ! tu vas pas t’y mettre toi aussi !
Euh… on vous dérange les enfants ?
D.2 : Ahem. Pardon.
D.1 : Donc la course à pieds. On a pensé utiliser la course à pieds pour attirer l’attention du public sur nos partenaires et peut-être, inch allah, susciter des dons.
D.2 : Alors on a un plan et le plan s’appelle « I Run for It ! ». Le concept est simple.
D.1 : On participe à des compétitions au nom d’une ONG, dont on présente l’œuvre aux gens. On réalise une vidéo sur la course. Vous donnez de l’argent à l’ONG en question. On vous offre la vidéo.
D.2 : On s’est même fait un beau t-shirt pour interpeller le public. Avec moi dessus. La classe.
D.1 : Oui bon ça va la ramène pas non plus. Depuis qu’il a une nouvelle coupe de cheveux il se sent plus…
D.2 : Mais tout le mérite t’en revient très chère !
D.1 : Revenons à « I Run for It ! ». Tous les détails sont là : http://planete.d.free.fr/[texts]/IRunForIt.html
D.2 : Et pour les illettrés, les flemmards ou simplement ceux qui aiment nos vidéos (hi hi hi) on a fait un petit pilote explicatif en images là : http://planete.d.videos.free.fr/[videos]/000-IRunForIt/IRunForIt.wmv
D.1 : Vous pouvez faire des promesses de don sur notre site (http://planete.d.free.fr/[texts]/don.html) !
D.2 : Comme au téléthon. Dingue.
D.1 : Mais faut pas se contenter de promesses hein ?
Noté. Eh bien bon courage et plein de succès à « I Run for It ! ». A quand/où la première course ?
D.2 : A priori, Barrytown, au sud-ouest de la Nouvelle-Zélande, le 20 janvier 2007.
D.1 : Ce sera aussi notre prochain rendez-vous avec vous, d’ici là retour sur les routes ; montagnes, baignades, tandem et bivouacs ! C’est à notre tour d’être en été ! Hasta luego.
Message à caractère informatif
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- Toujours dans l’optique de promouvoir l’œuvre de nos ONG partenaires, nous cherchons tous diffuseurs qui seraient intéressés par le petit film gratuit de 30 minutes « Eden » réalisé sur la casa de niños « Amigo Negro José » en Bolivie où nous avons vécu 2 mois : le film est téléchargeable en version compressée ici et nous pouvons fournir une version AVI non compressée.
- Sur nos dernières vidéos vous trouverez les musiques de Mogwai, Miss Goulash et Maczde Carpate. Les intéressés se rendront ici pour voir par eux-mêmes : http://planete.d.videos.free.fr Planète.D dédicace tout spécialement la vidéo numéro 44, « HairCup », à Miss Goulash et toute sa tribu de dingues.
D.Chiffres
150 $ US pour embarquer Buzzz le tandem dans un avion de la compagnie Lan Chile – qu’on a pas payé car on l’a transformé en chrysalide et les insectes payent pas l’avion.
1 € = 650 pesos chiliens – moralité tu fais les courses tu en as pour 20 000 pesos chiliens, soit 200 francs français d’avant l’€ – dingue !
0 peso pour charger Buzzz et tout notre paquetage dans un bus. Jusqu’à aujourd’hui nous n’avons rien déboursé pour charger le tandem (qui est plutôt encombrant entre nous soit dit) dans les bus, et ce malgré toutes les tentatives des chauffeurs de s’emplir les poches. L’astuce : dire « Non je ne payerai pas de supplément ! » Fermement, ça aide. . Pas si compliqué finalement.
200-300 grammes : le poids d’un chinchilla adulte.
3 kilos de semence ramassée dans les collines d’Illapel – à raison d’environ 1 gramme par fruit, fais donc le calcul…
5 jours pour tout éplucher et pouvoir planter les petites graines.
4300 kilomètres = la longueur du Chili, du nord au sud (ça marche aussi du sud au nord…).
9 = le nombre de chinchillas domestiques qui vivent avec Amy Deane. Un record pour quelqu’un qui n’est pas éleveur.
40 citrons consommés par les 2 D en 2 semaines – faut dire aussi, on habitait près d’une plantation de citrons…
24 = le record d’épines plantées dans le doigt en une seule fois…
Morceaux choisis
(hiver 2005-2006, concert de Miss Goulash à Grenoble)
« Le morceau qui suit est dédié à tous ceux qui n’ont pas de coupe de cheveux…
(s’adressant subitement à D2, parmi la foule)
Toi par exemple, bah t’as pas de coupe de cheveux ! »
– Seb, chanteur déjanté mais observateur de Miss Goulash
Initialement publié le / Originally posted on 25 novembre 2006 @ 11:54 am